Du pinceau à l'aiguille ou comment tout a commencé...
Issue d'une famille d'artistes, j'ai choisi le métier de restauratrice de peintures et je travaille depuis une vingtaine d'années au services des musées, des galeries et des collectionneurs.
J'adore mon métier, mais la création me manque. En 2012, je m'installe dans l'hôtel des métiers d'arts du Potager du Dauphin à Meudon et je découvre le magnifique travail de mes collègues artisans créateurs.
Peu après, je découvre la broderie d'embellissement grâce aux ouvrages de Léa Stansal et de Cécile Franconie. Je suis pleine d'admiration, mais ma vie ne me permet pas alors de développer cette activité.
Ce n'est qu'en 2020, avec la période du Covid, que l'aventure commence, lorsque je trouve, au fond d'un placard, un morceau de tissu coloré. Je ne le sais pas encore, mais il s'agit d'un imprimé américain pour réaliser des quilts. Il représente de magnifiques oiseaux peints par l'artiste Rosemary Millette.
Les choses se précisent alors, comme des fleurs de givre sur un carreau de verre. Tout s'accélère. Principalement autodidacte et passionnée, j'apprends vite les codes de ce nouveau langage, dans les livres et sur internet. En 2022, j'ouvre un compte Instagram et je rejoins la communauté des brodeuses. Polonaise d'origine, je puise mon inspiration dans le folklore d’Europe centrale et les contes et légendes de mon pays.
Le partage me met en joie et je commence à donner quelques cours de broderie en 2023, en toute humilité. Je me rends compte alors à quel point la broderie peut révéler la créativité de chacun et embellir la vie. J'espère pouvoir contribuer, même modestement, à l'épanouissement de cet esprit créatif, dont nous avons tant besoin.
La broderie d'embellissement, développée par l'artiste Léa Stansal dans les années 2000, est un type de broderie libre et facilement abordable qui puise ses racines dans la broderie au ruban, la broderie d'art, le patchwork américain, les travaux des dames de l'époque victorienne et la broderie populaire des pays de l'Europe centrale.
Il s'agit d'une technique qui utilise les points les plus simple, laissant toute la place à l'expression artistique, grâce à la richesse des mélanges de matières et de couleurs. Débarrassée en partie des contraintes de précision et de technicité, elle s'adresse au plus grand nombre. Ses effets décoratifs sont innombrables pour le plus grand plaisir de ceux qui la pratiquent et de ceux qui l'admirent.
Elle peut être pratiquée de manière indépendante, comme un art à part entière, ou bien elle peut servir à embellir des vêtements ou des petits objets du quotidien. J'aime particulièrement ce dernier emploi, plus humble et plus surprenant à la fois.
Ancienne par ses racines, moderne par ses matières et ses couleurs, elle porte en elle le goût de l'éternel grâce à la nature, sa principale source d'inspiration. On est fasciné par l'analogie des fils, rubans et lacets duveteux avec le foisonnement désordonné du monde végétal, indomptable, exubérant et coloré. A l'instar des végétaux, la broderie semble pousser d'elle-même, avec une étonnante liberté. La symétrie et le cadre ne sont là que pour être transgressés et, peut-être, pour nous rappeler également que les constructions humaines n'auront pas le dernier mot ! Impuissantes, vaincues, piétinées, ces dernières passent à l'arrière-plan, réduites à servir de terreau à une force vitale que rien ne peut arrêter. Comme dans les tableaux d'Hubert Robert, la nature envahit les ruines de nos certitudes et déploie ses mille couleurs pour célébrer sa victoire.
On pourrait alors entendre le vent dans le feuillage nous chuchoter à l'oreille, comme une bonne mère : "La vérité est ailleurs... Suis-moi si tu le peux !"
La broderie d'embellissement, par sa richesse et sa simplicité technique, permet d'entrevoir cette nature transfigurée, grâce à la richesse des gammes colorées et des matières (rubans, perles, fils dorés). Séduisante et décorative, elle appelle le regard et invite à s’interroger sur la vitalité de l’âme du monde, qui apparaît parfois sous la forme d'un oiseau au plumage éclatant...
Gabriela de mon vrai prénom, j'ai emprunté mon nom de brodeuse du folklore slave qui raconte l’existence d’une fleur mythique, au propriétés bienfaisantes, la fleur de fougère. Cette fleur magique, ne pousse qu’une fois par an, la nuit du solstice d’été. D’après la légende, celui qui la trouvera connaîtra richesse et abondance. C’est pourquoi, le point culminant de la fête de la Saint Jean consistait à partir à sa recherche, dans la forêt. Il s’agit bien sûr d’une fleur imaginaire, qui a inspiré de nombreux artistes, poètes et écrivains.
J'espère qu'elle portera chance à tous ceux qui, dans leurs recherches, arriveront jusqu'ici 😉🌿
© Copyright 2024 - G. Perrier